Ce n'est pas de ma faute .. # Libre

On est lundi matin, on revient au boulot après un bon week-end avec toujours l'espoir d'avoir une semaine pas très stressante. Je suis très souvent de bonne humeur le premier jour de la semaine. Je quitte d'ordinaire l'appartement de bonne heure, enfin aux environs de 8h. N'attaquant le travail uniquement à partir de 9h, j'ai donc largement le temps d'atteindre à pied le Starbucks, pour me prendre un Caffè Moka. Je peux ainsi le boire en surfant avec nonchalante sur le net.
Mais pas ce matin ..
Il était déjà huit heures et quart que je prenais tout juste mes affaires pour partir. Bien entendu distrait comme je suis je n'ai pas beaucoup regardé l'heure. Ma marche était plutôt lente et je suis arrivé au Starbucks vers huit heures et demi. J'ai pris mon Moka, et me suis installé à ma table habituelle. Cette fois-ci je ne bois pas très vite mon café, portant plus d'attention à ce que je regarde sur le net. Je surfe amusé, sur les sites boursiers, les actions SBUX (Starbucks Corporation) sont en hausse. En effet un important groupe de personne vient de saglutiner en masse devant le comptoir ce qui enveloppe maintenant le café d'un épais brouhaha. Tiens, les actions NITS montent bien .. Au fond ça me paraît tout à fait normal, c'est une très bonne société, qui fonctionne vraiment bien. Je suis très heureux d'avoir pu décroché un job ici .. Machinalement je jette un coup d'oeil furtif au coin en bas à droite de mon écran, il affiche 9h01. Mon visage se fixe sur le mur d'en face, l'esprit un peu dans le néant. Puis d'un coup, je réagis, secoue la tête et fixe à nouveau l'heure.

- « 9h01 !! »

Le café entier, sans exception, se retourne sur moi. Je ne leur adresse qu'un vague sourire et détourne très rapidement la tête. Je suis rouge pivoine, j'ai parlé un peu fort. Non, en fait j'ai hurlé un peu fort. Tout en continuant de cojiter je range mon ordinateur dans ma sacoche, je la passe en bandoulière. Je dépose l'addition sur la table, prend rapidement mon café à la main et souhaite une bonne journée à la serveuse. Il est maintenant 9h05 et je me dirige rapidement jusqu'au porte de NITS. Je gère cinq minutes de retards ce n'est pas si énorme, je gère cinq minutes de retards ce n'est pas si énorme, je gère cinq minutes de retards ce n'est pas si énorme .. Je me répète inlassablement la même chose, comme pour la forcer à se produire.
Je grimpe les marches rapidement, pour acceder le plus vite possible au "bureau". J'ai mon café dans la main gauche, je lui donne un coup d'oeil et vérifie en l'approchant de ma bouche qu'il est encore chaud. Il l'est.
Je suis arrivé dans le couloir : dernière ligne droite. Mais voilà que quelqu'un surgit pile en fasse de moi je me colle au mur pour l'esquiver mais il ne m'a pas louper. Mon café dégouline à présent sur moi. La crème que je n'avais pas entièrement fini, Le chocolat et le lait chaud .. mais aussi l'expresso, tout ça n'est maintenant plus qu'une énorme tache sur ma chemise. Alors que je suis devant la porte je rebrousse chemin. Direction les toilettes.

Parce que je n'avais pas de vêtements de rechange, je me suis dis qu'il valait mieux éviter l'humiliation et surement la réprimande du Patron. Je suis devant un lavabo, je déboutonne et ôte rapidement ma chemise. Le mélange me colle à la peau et laisse une trace humide sur mon corps (Cette vision est marquée à tout jamais dans mon esprit xD) . Je frissonne, la climatisation des toilettes me rafraichi et la peur qu'une personne pénetre ici me hante. Il est vrai que ce serais une situation génante : Moi, trose nu devant un lavabo, ma chemise completement enduite de crème et de café en boule dans mes mains .. Je n'ose même pas imaginer. Quel serais la réaction de cetet personne, mais quelle serait la mienne .. Je détourne la tête et cesse de planter mon regard sur la porte. J'ouvre le robinet d'eau froide et laisse le lavabo se remplir. J'appuis sur le bouchon et enfonce ce tissu sale ans l'eau. La crème se détache et se dissous dans l'eau. Je salive. Oui. J'aurais tant aimé pouvoir arrivé à l'heure , m'asseoir pour commencer de travailler en buvant tranquillement mon café. Mais là, je n'ai pu en boire que très peu. Comme c'est triste. Le distributeur de savon a été rempli il y a peu. J'appuis avec force plusieurs fois sur le bouton, pour pouvoir étaler la grosse noisette sur la tache. C'est avec peu de conviction que je frotte. Et si j'avais pris une veste ce matin .. J'aurais pu cacher cette vilaine tache. Tout à coup je relève la tête face à la glace : Qu'est ce que je vais pouvoir dire pour justifier mon retard et mon accoutrement .. Etant plutôt calme depuis le début, là je commençais à paniquer.

- « Ce n'est pas de ma faute .. C'est à cause du court des actions, celles de la Starbucks Corporation et les notres .. C'est aussi en partie à cause de nos actions. D'ailleurs elles ont bien montées *Grand sourire forcé*
...
Laisse tomber, ça ne marchera jamais, avec ça tu va te faire mettre dehors illico petit .. Et bien tout ça pour un café .. Je n'aurais qu'à chercher un emploi chez Starbucks à mon licenciement.»

Un sourire s'afficha sur mes lèvres.

- « Quel bon départ pour la semaine »

Oui, en effet, cette nouvelle semaine commence bien. Il est maintenant 9h30 et je fais ma lessive, torse nu dans les toilettes de l'entreprise.

Le lundi était un jour difficile pour moi. Presque aussi dur que le reste du temps ... si ce n'est que la mauvaise humeur de mes collègues rendaient leur critiques plus acides, plus corrosive . Je commençais le travail a 8h30 , par les traditionnelles corvées . Bien sur , nous étions censé nous partager les tâches , sauf qu'en réalité il y en avait toujours deux ou trois qui releguait les tâches aux autres . Vu que le responsable du secteur ne travaillait qu'à partir de 9h , cette injustice passait inaperçu . Comme beaucoup d'autres .
C'est donc débordant d'enthousiasme à l'idée de me taper le sale boulot, après un petit-déjeuner pas très consistant dans le ventre , que je me dirigeais vers l'entrée du NITS , me melant au flot des employés . Ils se saluaient entre eux , se racontaient leur week-end en se dirigeant vers leurs postes ... et moi je me faisais tout petit . C'était toujours le même scénario . Encore un truc pas tellement crédible dans ma vie . C'était comme si j'étais invisible . Alors que dans mes rêves , j'avais plus l'impression de vivre une vie plutôt que de marcher en pilote automatique . Je savais déjà à l'avance ce qui allait se passer .
Je pointais , puis montais calmement les escaliers . M'appliquant à regarder dans le vague, à ne pas regarder les personnes que je croisais . Je jouais à l'autiste , et tout le monde trouvait ça normal . J'étais détaché . Loin de tout .
Je traversais un couloir, bifurquait vers la salle d'informatique. Une rousse a tache de rousseurs , lunette sur le nez, me lança un regard méprisant . En réalité, tout le monde me regardait avec mépris . Je m'installais à un des nombreux postes , démarrait ma session et consultait mes mails . Rien de neuf sous le soleil ... les même bétises . Avec un sourire , je sortis de la pièce . Rien d'urgent, j'avais le temps de prendre un café . Dans le couloir, je remarque que quelque chose à changer . Une tâche marronatre sur le sol ... étrange . Au moment ou je me penchais , quelqu'un d'autre débarqua dans le couloir .
« Arrête de fixer ça , Smart . C'est juste le Chinois qui s'est renversé son café dessus . »
C'est donc ça . Un sourire me vint à l'image de mon supérieur grassouillet imbibé de café-crème , pour laisser place à de la compassion. Je pourrais, éventuellement , voir comment il va ? Aller . Ce n'est pas si dur que ça d'aider quelqu'un .
Je fis marcher un peu ma cervelle , pour en déduire que le plus probable était que le pauvre se sois réfugié aux toilettes . Je savais aussi qu'il ne fallait mieux pas que je lui dise comment j'avais appris ou il était . Il avait déjà la honte . Je marchais jusqu'au toilette, feignait la suprise en le découvrant en train de faire la lessive . Amicalement, dans un gigantesque effort, je lui adressais une petite phrase .
« Hum... je peux vous aider ? »
Si il me dit que je suis un sale autiste , il est mort .

Un état de gêne incroyable m'empare quand j'attend la porte s'ouvrir. Mes mains arrêtent de frictionner contre le tissu, mon regard se remplit de honte et d'inquiétude, se fixe sur le fond du lavabo. Mon corps se raidit et j'avale difficilement ma salive. Je savais que ça arriverait, il ne faut pas me prnedre pour un idiot. Mais c'est certainement le moment le plus embarassant de mon existence. Ma tête se penche légèrement vers la directionde la porte et je lève les yeux jusqu'à reconnaître le visage de mon bourreau.
Mr Smart, un gars de mon équipe. Plutôt solitaire, je n'ai jamais encore essayé d'aller sympatiser avec lui. Son prénom commence par un M .. Quelque chose de plutôt court et pas non plus des plus communs .. Marc, Marco, Marcus ! Voila c'est ça. Marcus Smart. D'après ce que j'en ai entendu certains le surnommerait l'autiste. Je présume qu'ils se trompent et que c'est quelqu'un de très agréable, bien qu'un peu fermé. Les employés d'ici se trompent souvent sur les surnom. Selon la plupart je serais "le Chinois", hors je suis bien Japonais. M'enfin je ne vais pas me plaindre on aurait pu m'appeller "le Grassouillet".
Bref. Il était là, à même pas 10 mètres de moi. Que peut-il biense passer dans sa tête. Avez vous déjà imaginer vous retrouver dans cette situation avec votre supérieur. J'peux vous dire que face à la seconde co-responsable plutôt autoritaire, je ne suis pas très crédible. Mais alors maintenant que un de mes collègues proches me voit comme ça, j'peux assurer que j'ai perdu toute crédibilité.
« Hm... je peux vous aider ? »
Sincerement je pense que non, mais après tout .. Qui ne tente rien n'as rien.

- « Je ne suis pas sur, à moins que vous n'ayez une idée. J'ai une énorme tache de café sur ma chemise, qui est à présent trempée et pleine de savon. Bien entendu je n'en ai pas de rechange .. »

La situation peut paraître drôle exposée comme telle, mais sincerement c'est plutôt catastrophique. Je n'y vois aucune issue. Pourtant, sans le faire exprès, je me mets à rire, faiblement, nerveusement.

Le pauvre , la frayeur que j'avais du lui faire . J'aurais pu être quelqu'un de tellement plus important . Jeoren , par exemple, lui aurait fait un discour mémorable sur l'incompétence et l'inaptitude , ou quelque chose dans ce gout . D'autre auraient ri . Heureusement , moi , je comprennais la honte terrible que l'on ressent quand on a fait une boulette dangereuse . J'étais rodé aux problèmes sans solutions, et aux idées de secours . Alors évidemment, son sceptiscisme me fit sourire . Oui, j'ai une idée . J'en ai même plusieurs si il le faut . Néanmoins, il ne fallait pas le brusquer en affichant un air supérieur, en le rabaissant . Nan. C'était déjà une affaire destinée a rester entre nous. Bien que dans la situation inverse je me demande si il aurait été aussi fairplay et plein de tolérance ... BREF .

Mon cerveau se mit en marche , analysant le problème et formant des hypothèses de façon totalement scientifique . Je ne pensais pas , je fonctionnais comme une machine fonctionne lorsque l'on lui demande . Voyons . Tache + Eau + Chemise = vêtement sale . Solution ; laver ! Laver à l'eau et au savon = inefficace . Demander à personnel compétent du NITS de laver + faire vite + discretion = EUREKA !
Voila en gros ce que ça donnais dans ma tête . Je savais que le NITS , en tant que grande entreprise, possédait une buanderie , pour les divers textiles du batiment . Il suffirait de demander une faveur a une employée et la chemise de mon supérieur serait OK . Si simple que ça ... à deux . Génial . Gacher mon précieux temps pour ça . Je passais ma main dans me cheveux , l'air gêné d'avoir eu une idée, puis déclarais calmement .

- « Et bien , je pourrais descendre déposer votre chemise sale à la buanderie ... et essayer de voir si eux , ils n'auraient pas une solution de rechange pour vous en attendant ... quelque chose dans ce gout là . »