Cory et Vitaly sont sur un pont... Lequel pousse l'autre en premier ?

Un T-shirt blanc au bord un peu déchiré, un jean ni trop large ni trop serré, et ses vieilles converses noires trouées. Ses préférées. Une clope à la main, l'ipod dans les oreilles et les cheveux en bataille. Feeling Good, de Muse.

Vitaly marchait tranquillement, d'un pas mesuré, le long de la Charles River. Il s'engagea sur l'un des nombreux ponts qui la traversaient, histoire de s'arrêter 5 minutes pour regarder l'eau s'écouler et -surtout- pour s'en griller une. Encore une. Quelle idée de se trimballer là à minuit ! Il faisait nuit noire, et les réverbères illuminaient trop faiblement les rues pour qu'on y voit grand chose. Mais c'était agréable, en quelque sorte. De faire le vide loin de tout ce monde, loin du travail et des stagiaires à la con, loin des fiches de paie à remplir, des dépenses de la boîte à vérifier, loin de ces putains de chiffres qui n'en finissaient pas de défiler sur l'écran de son ordinateur. C'était quoi cette idée, sérieux ? Devenir comptable, LUI ?... C'était bien parce qu'il fallait avoir un salaire à la fin du mois, hein. Il n'aurait jamais fait un tel choix, sinon. Il se serait peut-être barré, tiens. Un peu à la "Into the Wild"... Mais sans la fin. Bref... Il était là, de toute façon, donc ça ne servait à rien de nourrir des rêves débiles. Il était incapable de partir, et il le savait bien.

Il s'arrêta près du muret qui servait de rambarde au pont et s'en rapprocha afin d'appuyer ses avant-bras dessus. Il soupira bruyamment, blasé par une mystérieuse et... inexistante raison. Ce n'est que lorsqu'il retira ses écouteurs pour ranger son Ipod dans sa poche qu'il entendit le grabuge qu'il y avait derrière lui. Il arqua un sourcil. C'était quoi ces conneries encore ? Pas moyen d'être peinard chez soi ?! xD
... Bon, soit, il était en pleine rue. Mais même, on ne fait pas tant de bruit à minuit, c'est pas humain ça ! xDxD

Les sourcils toujours froncés, il se mit à grommeler quelque chose d'incompréhensible. Il était encore fatigué de sa journée (et n'allez pas lui reprocher de se balader en pleine nuit, ça n'a rien à voir avec la fatigue... VOYONS ! xD). Il se retourna, et d'un bond, se hissa sur le muret afin de s'y asseoir. Il sortit son briquet et s'alluma une autre cigarette, dans l'attente que ce qui était à l'origine du bruit lui arrive dessus.

... Ce qui n'était peut-être pas une très bonne idée, d'ailleurs : si la "chose" lui fonçait dessus -pour quelque raison que ce soit- dans la position dans laquelle il se trouvait... ne perdrait-il pas l'équilibre ? *sifflote xD* Les yeux plissés pour tenter de distinguer les formes qui l'entouraient, il scrutait l'horizon tout en tirant sur sa clope.

Cory sortait tout juste du travail. Elle y était depuis les huit heures du matin, autant dire qu'elle était à cran. Mais elle avait eu tellement de choses à faire aujourd'hui, à croire qu'on s'était ligué contre elle ! Et puis cette stagiaire... Cette foutue stagiaire à la con ! Elle l'aurait faite chier toute la journée, de neuf heures du matin à dix neuf heures. C'était à se demander comment on pouvant être aussi collant, chiant, et lourd ! Mais lorsqu'elle était partie à dix neuf heures, Cory avait enfin pu respirer, et s'était enfermée à clé dans son bureau, Ipod sur les oreilles. Si on l'avait appelée, elle ne l'avait pas entendu, et en était plus que contente. Elle était donc restée très tard dans son bureau, elle voulait tout finir pour avoir la paix le lendemain. Puis, lorsqu'elle se rendit compte qu'il était onze heures trente passées et qu'elle mourrait de faim, elle s'était décidée à partir. Tous les bureaux étaient vides, c'était le rêve. Un vrai rêve pour elle, elle le faisait souvent lors de son sommeil. Parfois, elle se disait qu'elle ferait mieux de travailler chez elle, ou sur une île déserte, encore mieux. De toute façon, elle n'avait pas besoin qu'il y ait des gens autour d'elle pour travailler. C'était l'un des avantages de son métier.

Elle était donc descendue aux vestiaires pour récupérer son sac en bandoulière vieux, usé, et recouvert de badges de groupes de rock en tous genres. Elle avait enfourné un gâteau dans sa bouche, avait remit les écouteurs de son Ipod sur ses oreilles, et partit. Elle n'habitait pas loin du NITS, cela l'arrangeait, moins elle marchait mieux elle se portait. C'était à se demander comment elle faisait pour gagner la ligne. Bref, passons. Elle marchait donc tranquillement, et pour une fois sa tension ne frôlait pas les 200. Mais, alors qu'elle marchait tranquillement, un vieux type chelou commença à l'accoster. Elle grogna, mais n'entendait pas ce qu'il disait, à cause de ses écouteurs. Elle commença à tracer son chemin, mais le vieux ne semblait pas de cet avis, et commença à la suivre. Elle le vit et se retourna d'un coup, en aboyant un " QUOI ?! " pas très amical. Elle entendit des paroles comme "zavousdiraitdepasserlanuitavecmoimabelle ?". Il puait l'alcool, il était moche, vieux et en plus de ça il la prenait pour une pute ! Cory lui mit alors un bon crochet du droit en l'insultant.

- NON MAIS VOUS ETES TARE OU QUOI ?! ALLEZ VOUS FAIRE SOIGNER ! SALE CON !

Et sur ces hurlements en plein milieu de la nuit, elle s'en alla en laissant l'autre con parterre, trop frit pour se relever. Elle grommelait alors qu'elle marchait, en disant un chapelet d'insultes. Elle arriva alors sur le pont. Et comme on s'en doute, c'était elle qui avait fait un tel bruit. Elle continuait d'ailleurs, en marchant très énervée.

- Non mais quel gros con, me prendre pour une pute, mais j'ai l'air d'une pute moi ? Et puis pourquoi il vient me parler en plus, j'ai envie de leur parler aux gens moi hein ?! Ah, mais ils me cassent tous les couilles à venir m'emmerder à la fin !

Elle s'énervait donc seule. Et, à défaut de vouloir parler aux autres, elle aimait beaucoup se parler à elle même comme on peut le remarquer.

Les bruits se rapprochaient de plus en plus, et par conséquent, se précisaient. C'était une voix, en fait. Une voix... énervée ! Très énervée ! Et qui râlait, apparemment. Vitaly essaya de comprendre ce que cette voix pouvait bien dire -se doutant tout de même que derrière la voix se trouvait quelqu'un, hein >< xD. D'ailleurs, il devait s'agir d'une fille. D'une vraie furie !
Plus elle s'approchait de lui, mieux il entendait ce qu'elle disait.

"... j'ai envie de leur parler aux gens moi hein ?! Ah, mais ils me cassent tous les couilles à venir m'emmerder à la fin ! "

Il avait les sourcils froncés de concentration. Il connaissait cette impression, c'était bizarre. Mais impossible de savoir ce que cela pouvait bien lui rappeler. Il était vraiment à la masse ><. Cette voix furibonde et agressive... Ces insultes aboyées de cette façon...
Alors que la fille ne devait plus être bien loin -impossible de savoir, sur ce pont noyé dans l'obscurité !- il se laissa glisser de son muret afin de se tenir debout à nouveau, sans vraiment faire attention à ses gestes.

Bam !

A croire qu'elle était un peu trop près à ce moment-là, cette fille, puisqu'ils venaient d'entrer en collision xD. Il grimaça sous le coup de la surprise et baissa les yeux par automatisme, histoire de voir à qui il avait affaire. La peu de lumière offerte par la lune permettait tout juste de se voir, mais à une distance aussi rapprochée, tout de même, on distinguait assez bien les visages.
C'est là qu'il comprit ce que lui rappelait cette voix, et l'impression d'agacement qui s'en suivait. Il grogna.

- Je sens que je vais me faire frapper. (xD)

Cory ne cessait de marmonner, et de continuer à insulter tout ce qui l'entourait : réverbères, chients errants, feuilles mortes... Tout y passait. Il faut dire qu'elle avait passé une si mauvaise journée, il ne fallait pas vraiment venir la chercher lorsqu'elle était dans cet état. Elle sortit une cigarette de sa poche qu'elle s'alluma vite fait. La première latte la détendit quelque peu, mais vraiment pas suffisamment pour qu'elle soit calme. Quoique... Quand est ce qu'on peut dire que Cory est calme ? Elle était une vraie furie depuis sa plus tendre enfance, un rien l'énervait. Ce n'était pas l'associable qu'il fallait l'appeler, c'était la furie. Quoique, les deux collaient après tout.

Elle grognait donc à mesure qu'elle marchait. Elle s'était légèrement calmée sur les insultes. Elle avait toujours mal parlé, c'était naturel pour elle, un peu comme une ponctuation. Et puis, les insultes étaient assez fortes pour laisser passer ce qu'elle exprimait. Elle avait du mal avec les mots normaux, c'était plus simple d'aboyer sur tout ce qui bougeait. Elle avait de très gros problème de sociabilité. C'est à cela qu'aboutit 15 ans d'ordinateur, ça l'a quelque peu dérangée. Elle avait d'ailleurs conscience d'avoir un grain, mais ça ne la dérangeait pas après tout, elle s'entendait très bien avec sa folie.

Et donc, alors qu'elle se calmait à peine, BAM ! Elle venait de se prendre ce qui lui avait semblé être une armoire à glace ( rien que ça xD). Elle se l'était pris de plein fouet, et sentait déjà le mal de tête lui venir. Le moindre choc lui donnait mal à la tête de toute façon, elle était hypocondriaque par dessus le marché.

- Aïe !

Elle se frotta le front avant de lever les yeux pour voir qui était le malotru qui avait osé lui rentrer dedans. Et là, horreur et damnation ! Et cette petite remarque... Rrr. Cory recommença à grogner, et à aboyer. C'était un peu une bête en fait xD.

- Toi ! Mais tu peux pas faire attention où tu vas ?!

Sérieusement, pourquoi avait-il fallu que ce soit elle ? Il devait avoir la poisse. Ou quelqu'un, quelque part, avait du lui jeter une malédiction, ce genre de trucs... Mais puisqu'il ne croyait pas à ce genre de conneries, il se rendit tout simplement à l'évidence : si l'on avait inventé les mots "hasard" ou "coïncidence", ce n'était certainement pas pour rien !
Bref, ce visage agressif, cette voix énervée en quasi-permanence -en tout cas lorsqu'ils étaient au même endroit-, cette petite furie brune quoi, il ne la connaissait que trop bien... Et il avait fallu qu'ils se rentrent dedans, en plus. Comme si ce n'était pas suffisant de simplement se croiser. Vitaly soupira bruyamment, tout en envoyant balader sa clope presque entièrement consumée dans le fleuve. Il recula tout de même d'un pas, non pas par peur xD, mais parce qu'il n'allait pas resté collé à elle indéfiniment non plus, hein.
Il grimaça lorsqu'elle l'agressa à moitié, ce qui réveilla par ailleurs le côté chieur de sa personnalité. C'était toujours comme ça entre eux. Ils se croisaient, se méprisaient, se cherchaient, s'insultaient, se haïssaient... Et lorsqu'ils étaient à court de rage, ils se tournaient le dos et s'en allaient, sans rien ajouter de plus. Quelqu'un d'extérieur à cette situation aurait pu trouver ça un peu spécial, voire même totalement bizarre, mais ni l'un ni l'autre ne semblaient s'y intéresser plus que ça. En fait, les seules fois où ces deux-là semblaient tomber d'accord, c'était quand venait le moment de s'éloigner l'un de l'autre. Un peu comme si cela résultait d'une entente silencieuse. Comme un "Ah, ça fait du bien de vider son sac !... On se remet ça Lundi ?" Et chacun repartait de son côté, un peu plus léger. (je rajoute des détails à leur lien, comme ça, j'en profite xD)
Il lui fit un sourire purement ironique et moqueur. Mesquin.

- Faut croire que j'adore te faire du rentre dedans. (xD)

Cory ne cessait de bougonner et de marmonner à tout va. A chaque fois qu'elle allait quelque part et qu'elle était très énervée, il fallait qu'il soit sur son chemin. Comme un espèce de virus qui infecterait son ordinateur. Et elle avait essayé tous les antivirus possibles : la méchanceté, les hurlements, l'ignorance... Tout ! Mais rien n'avait marché. Il restait là, accroché, tel un point sur son i. Sauf qu'elle elle ne voulait pas être un i, et elle voulait encore moins le voir, lui, après une dure journée de travail, où elle s'est frappé une stagiaire idiote, et après avoir du affronter un vieux con bourré. Non, c'était trop pour elle, elle avait la santé mentale fragile, et puis son sang froid n'était pas résistant. Et elle était fatiguée, il était tard et elle ne voulait pas le voir, rien que sa vue l'énervait. Elle émit donc un grognement intérieur comme elle savait si bien les faire. Il était vraiment tout le temps sur son chemin. Et à chaque fois c'était pareil, ils s'insultaient à moitié avant de partir. Non seulement c'était frustrant, mais en plus c'était énervant. Il n'y avait qu'elle qui pouvait insulter les autres, non mais !

Elle leva un sourcil perplexe à sa phrase. Elle n'était pas dupe, elle savait que c'était ironique, après tout elle n'était pas surdouée pour rien elle se servait de son cerveau de temps en temps. Mais elle n'était pas d'humeur. Elle avait envie de lui dire de tout, mais elle attendait encore un peu, histoire que la moutarde lui monte bien au nez. Mais bon, s'il voulait jouer à ce jeu là. Elle émit un "ah" ironique avant de s'allumer une autre cigarette, elle fumait comme un pompier.

- Oui j'avais remarqué, toujours sur mon chemin. Je vais finir par croire que c'est du harcèlement.

Elle grogna encore. Elle n'était vraiment pas d'humeur. Elle se sentait encore plus pitbullesque que d'habitude récemment. Mais bon, il faut dire que ce n'était pas trop ça au boulot. Bref, elle n'allait pas s'étaler par pensées ses problèmes. Tout ce qu'elle voulait, c'était rentrer chez elle et retrouver son chaton. Il la comprenait, lui, au moins. Et puis, il ne parlait pas, c'était un avantage considérable.

Ce n'était pas histoire de faire compétition, ce n'était même pas pour l'agacer, en fait, mais il s'alluma une autre clope, juste après qu'elle en ait fait autant. Voir quelqu'un fumer lui en donnait irrémédiablement l'envie, et le fait qu'il vienne de terminer sa précédente cigarette ne l'arrêtait pas, bien au contraire. Il prit une grande bouffée, jusqu'à s'en brûler les poumons, et souffla la fumée entre ses lèvres entre-ouvertes.
Cory semblait fatiguée. En plus d'être énervée, s'entend. Il avait appris son prénom par hasard, en entendant des brides d'une conversation entre stagiaires. Ils disaient avoir peur qu'on les assigne à la furie hystérique xD, une certaine Cory, donc... et à la description qu'ils faisaient d'elle, il comprit bien vite de qui il retournait. Cela l'avait fait sourire, en fait. Que ce p'tit bout soit carrément crainte par toute une flopée de nouveaux, parmi lesquels se trouvaient même deux ou trois grands costauds ! Mais bon, c'est vrai qu'en étant vraiment en colère, elle pouvait faire peur. Peut-être. En fait, Vitaly n'avait pas peur d'elle. Elle le faisait juste incroyablement chier, mais c'était déjà trop pour qu'il garde son calme -ce qu'il n'essayait même pas de faire, d'ailleurs.

- Et moi donc !

Il émit un "Tsss" en secouant la tête lentement de gauche à droite, et en fumant aussi, de temps en temps. Oui, il se foutait ouvertement d'elle.

- Mais avoue-le que tu me suis partout, et qu'on en finisse, merde !

Il faut dire qu'elle n'était tout de même pas très grande, Cory. Ce n'était pas une naine non plus (... >< xD) mais il la dépassait d'une bonne tête. Et demie. Bref, évidemment que la fumée qu'il recrachait allait tout droit dans sa tête. Ils n'avaient qu'à pas se tenir si près pour s'engueuler, VOILA xD. C'était donc inconsciemment qu'il le faisait. Mais peut-être que s'il s'en était aperçu... En fait, on ne sait pas vraiment comment il aurait réagi : il n'aimait pas se recevoir la fumée des autres en pleine tronche non plus. Si c'était pour avoir les yeux qui piquent, non merci >< xD. Alors peut-être que, par méchanceté, il aurait continué, ou alors... par... respect, disons, il aurait tenté de faire autrement. Sans pour autant en devenir gentil, non mais ho !
Passons. C'est vrai qu'ils n'arrêtaient pas de se croiser. Le pire, c'était que c'était souvent -voire systématiquement- à un mauvais moment, c'est-à-dire quand ils étaient déjà énervés par quelque chose avant de se tomber dessus. Ou de se rentrer dedans, comme vous voulez. Et ça n'en finissait plus d'insultes et de piques en tous genre. De... conneries de gamins de 13 ans. A croire qu'ils s'étaient tous deux bloqués à ce stade, sans être passés par la case maturité, calme ou sagesse, appelez-là comme vous voulez également (Que de choix !). Bref, vous voyez où je veux en venir. Ces deux-là, l'un face à l'autre, semblaient incapables de gérer la situation de façon calme, ou réfléchie. Ils pourraient simplement choisir de s'ignorer et passer leur chemin, mais NAAAAN, il fallait se gueuler dessus. C'était presque physique.
Vitaly fronça les sourcils à sa remarque : elle était bonne ! (La remarque, bien entendu.) Un demi-sourire -le mesquin et ironique, réservé spécialement aux emmerdeuses du genre de Cory- étira un peu ses lèvres.

- Tu as donc des tendances nécrophiles. C'est bien d'en parler tu sais, on dit toujours que se l'avouer, c'est la première étape de la guérison.

La fatigue le tenaillait. Vitaly s'en rendait compte à la façon dont il avait ralenti inconsciemment le rythme des bouffées de clope. Et ce petit jeu de merde avec elle... Cela n'en finirai jamais ! Cory semblait tout aussi exténuée que lui, et cela se comprenait parfaitement : si elle ne rentrait chez elle qu'à cette heure-ci, c'était surement parce qu'elle avait passé la soirée entière au boulot...
Et puis, qu'est-ce qu'il en savait, après tout ? Elle était peut-être sortie boire un verre. Ou peut-être qu'elle avait eu un rendez-vous avec un type et... Non mais, qu'est-ce qu'il en avait à foutre, après tout?
N'empêche... N'empêche qu'il avait l'air con. Elle aussi, un peu. Mais bon, lui, il avait carrément l'air bête : il avait 24 ans, merde ! Pas 13, ni même 14. Il était pas censé savoir prendre du recul, un peu ? Savoir s'adresser autrement à quelqu'un -même s'il ne supportait pas ce quelqu'un- autrement qu'en lui aboyant dessus et en lui envoyant une répartie minable, digne d'un élève de CP, dans les dents ?
Peut-être qu'il avait juste envie d'être gentil avec elle.
Non, ça devait être la fatigue, plutôt. Et la prise de conscience d'être un abruti parlant à une autre abrutie (xD) dans... le langage des abrutis.
Il soupira bruyamment de lassitude, et se recula d'elle en faisant un pas de côté : il ne lui barrait plus le chemin. Son visage affichait une expression résignée. Non, il ne chercherait pas plus que ça à se prendre la tête avec elle. Pour ce soir, en tout cas. Oui, voilà, disons juste que pour ce soir, il la laissait "gagner", il s'effaçait devant elle... Même si elle prendrait surement ça pour de l'arrogance, ou un geste destiné à l'énerver. Vitaly la regardait avec insistance.

- Allez, qu'est-ce que t'attends ? Rentre.



C'est son côté changeant qui prend le dessus xD.

Cory secoua la tête à la répartie de Vitaly. Elle l'avait déjà connu plus en forme. C'était quoi ça ? Ah, ça la rendrait presque triste. Ou pas. Mais elle avait tellement l'habitude de leurs joutes verbales maintenant, elle y avait presque pris goût. Le seul problème, c'était qu'elle parlait comme ça à tout le monde, alors il n'y avait pas trop de folklore. Enfin, Vitaly était le seul qui lui répondait vraiment. Elle ne recherchait pas spécialement d'adversaires, mais en avoir un à son niveau c'était quand même bien plus agréable. Parce que bon, parler mal à des gens qui ne suivent pas le rythme, ce n'est pas marrant bien longtemps. Enfin, Cory ne parlait pas aux gens en général. Mais elle avait ses têtes de turcs en général. Enfin, ses préférés restaient les stagiaires bien entendu. Elle pourrait les traumatiser tout le temps. Mais à petite dose, elle n'a pas non plus forcément envie de rester avec eux. Elle était paradoxale, en un sens. Elle n'aimait pas les gens, on l'aura remarqué, mais cela ne l'empêchait pas de faire chier intentionnellement un petit groupe d' "élus". Peut être qu'en fin de compte, elle avait besoin de relations sociales. Mais elle ne l'admettra jamais de toute façon, l'idée ne lui effleure même pas l'esprit d'ailleurs.
Elle secoua donc la tête, d'un air faussement dépité.

- Mais non voyons, tu comprends rien. Si c'était un cadavre j'irai voir pour signaler sa présence. Enfin, sauf si c'était toi bien sur, toi je te laisserai où tu es.

Ah, cet amour entre eux, c'était si beau, si touchant ! Il faut avouer que Cory était une garce, enfin selon moi en tout cas elle en est une, mais elle faisait toujours ça en finesse. A la Cory quoi.
Elle le suivit du regard alors qu'il se déplaçait. Ah, ben tout de même. Elle allait enfin pouvoir rentrer chez elle, faire un calin à son chat, et dormir. C'était pas trop tôt. Mais en entendant Vitaly, elle leva un sourcil et eut un regard comment dire heu... " PARDON ?! " voilà, comme ça.

- Non mais dis, t'es personne pour me donner des ordres. Si j'ai envie de dormir sur ce pont, je dors sur ce pont !

Comme tout jeune qui se respecte, Cory était encore une rebelle dans l'âme. Enfin, elle l'était quand même beaucoup. Elle détestait qu'on lui donne un ordre, ou ce qui pouvait lui sembler être un ordre. Et à chaque fois c'était la même chose, elle faisait l'exact contraire. Elle avait beau mourir de fatigue, elle ne broncherait pas de ce pont.

Vitaly eut envie de soupirer une nouvelle fois, et encore plus bruyamment qu'avant, histoire de traduire son agacement qui se faisait de plus en plus prononcé. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait être chiante, cette fille ! Et irritante ! Et peste ! Et emmerdeuse ! Et...
Bon, calme. Calme, on a dit qu'on la laissait gentiment rentrer chez elle. Alors on encaisse sa remarque en silence, et puis c'est tout. Et puis... le silence était une forme de mépris, après tout. Un peu comme s'il l'ignorait, genre "parle à mon cul, ma tête est malade". Il avait beau avoir décidé de faire la trêve pour ce soir, la perspective que son silence puisse se transformer comme une arme contre Cory le réjouit.
Il l'observait, dans l'attente qu'elle se décide à bouger pour partir, mais fronça bien vite les sourcils et eut une grimace de mécontentement en l'entendant râler. Mais elle pouvait pas simplement saisir la putain d'opportunité qu'il lui offrait et se barrer ? Elle voulait jouer au con, et bien très bien. Ils allaient jouer.

- Parfait !

Il avait une lueur de défi dans le regard. Pourtant, il se disait qu'elle ne marcherait peut-être pas : il allait lui donner un autre "ordre", comme elle disait, après tout. Non mais sérieux, lui ? Donner une ordre à quelqu'un ? C'était juste pour lui faire comprendre qu'elle pouvait passer, qu'il avait dit ça, MERDE !
...Mais peut-être qu'elle jouerait le jeu, aussi. Peut-être qu'elle ne supporterait pas de se défiler devant lui ? Peu importait, en vérité. mais qu'elle fasse quelque chose, nom de Dieu !

- Alors vas-y, j'te regarde.

Il croisa les bras, et prit la pose de... la personne qui attend quelque chose xD.

Bon, il fallait bien qu'il se l'avoue : l'idée de la trêve, c'était une idée merdique. Comment est-ce qu'il aurait pu ne pas s'énerver face à elle, de toute façon ? Cette hystérique de première qui n'était pas foutue de prendre une décision. Et vas-y que t'as pas à me donner des ordres et que si je veux pioncer là comme une clocharde je le fais, et gniagniagnia... Ah et puis finalement non, je fais rien... Elle n'aurait pas pu ou, réponse A. l'ignorer et partir ("nan mais si il croit qu'il mérite que je lui parle celui-là, et gniagnia"), ou réponse B. le giffler et partir ("nan mais il me prend pour une clodo ou quoi ?!"), ou réponse C. rire ("c'est vrai que c'est... pas drôle, en fait") et partir, ou... Bref, du moment qu'elle finissait par se barrer, peu lui importait. Quoiqu'elle aurait pu jouer le jeu ne serait-ce qu'une seconde, aussi. Et partir ensuite, évidemment xD. Mais au lieu de ça, elle restait là à ne rien foutre. Elle devait être maso, cette fille : elle avait clairement envie de s'en aller (et il faut dire que cela lui ferait un bien fou de ne plus l'avoir sous le nez, à lui aussi) elle en avait même l'occasion, mais non, rien.

Serait-elle un peu bornée ? Genre à toujours vouloir avoir le dernier mot, au point de se mettre dans des situations ridicules de ce genre là ? (Même si il aidait bien là-dessus xD).

- C'est ce qui est si décevant chez toi. Beaucoup de mots, aucune action.

DE L'ACTION, DE L'ACTI... Pardon.

*toussote et reprend sa voix de narratrice*
Il restait là, les bras croisés, à la toiser d'un regard méprisant au possible. A croire que la colère lui avait redonné suffisamment d'énergie pour annihiler sa fatigue.